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Ordolibéralisme
Selon la théorie ordolibérale, l'État a pour responsabilité de créer un cadre légal et institutionnel à l'économie, et de maintenir un niveau sain de concurrence « libre et non faussée » via des mesures en accord avec les lois du marché.
En effet, si l'État ne prend pas des mesures anticipées pour encourager la concurrence, à l'expérience les entreprises donnent naissance à des monopoles, trusts ou oligopoles. Cela a pour conséquence de détourner les avantages économiques offerts par le marché, et à terme de saper la démocratie, le pouvoir économique étant dès lors capable de se transformer en pouvoir politique.
L'État a donc un rôle d'« ordonnateur ».
Inspiré par la morale kantienne, l'ordolibéralisme est censé placer la morale au cœur de son programme. L'économie doit être soumise à la morale. Le profit n'est pas une fin en soi, mais un moyen, qui doit à la fois se soumettre à certaines règles, respecter certains interdits et viser une fin autre que lui-même, qui est une fin morale. L'entreprise est au service de la Société et l'entrepreneur est soumis à une responsabilité morale et sociale, à la fois vis-à-vis de la société dans son ensemble et de ses propres salariés. L’État intervient donc dans la vie économique de deux façons : en fixant des règles et en les faisant appliquer et respecter. Valorisant l'ordre (en référence à la théorie augustinienne de l'ordre) et la régulation par l’État (Etat-ordonnateur), l'ordolibéralisme se distingue nettement sur ce point du libéralisme classique basé sur la dérégulation et le "laisser-faire".
L'ordolibéralisme est cependant un libéralisme en ce que l’État doit se cantonner à la fixation et à l'application de ces règles, il ne doit pas mener de politiques économiques conjoncturelles, mais se tenir à l'écart de toute stimulation macro-économique et de tout dirigisme. Cela se manifeste par les aspects suivants : décentralisation, équilibre budgétaire (voire excédent) pour les finances publiques, refus du plan et de la politique industrielle (les entreprises devant s'auto-organiser), fixation des salaires par les partenaires sociaux (patronat et syndicats) ce qui revient à abandonner la politique publique des revenus, Banque Centrale indépendante de l’État et centrée sur la stabilité des prix, ce qui est un refus de la politique monétaire, refus de l'inflation, refus de la création monétaire massive et/ou au profit de l’État, monnaie forte et refus des tactiques de dévaluation, libre-échange commercial (ce qui implique une absence de politique commerciale).
Pour les ordo-libéraux, une intervention de l'Etat dans l'économie par des politiques économiques (surtout si elles sont conjoncturelles) pourrait mener au chaos (crise hyper-inflationniste) ou alors à une dictature, comme dans le cas du nazisme et du communisme.
Un pilier central de l'ordolibéralisme est une « division du travail » clairement définie entre acteurs de la gestion économique :
* la politique monétaire est sous la responsabilité d'une banque centrale à l'abri du pouvoir politique, dévouée à la stabilité monétaire et à une faible inflation, mais toutefois sous le contrôle de la "communauté socio-économique" (les partenaires sociaux) au niveau des banques centrales régionales (Landeszentralbank) ;
* la politique budgétaire, équilibrée, appartient au gouvernement ;
* la fixation des salaires et des conditions de travail est partagée entre les employeurs et les syndicats.
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