================================================== Des équilibres économiques



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Mai 2012

Des équilibres économiques


Il est une opinion largement défendue, à droite, par quelques riches, que
"l'enrichissement des riches est nécessaire au progrès économique".

La richesse existe-t-elle en soi ? N'est elle pas exclusivement relative (à la pauvreté) ?
N'est-ce pas une grandeur semblable à l'entropie de Boltzmann, qui ne connaît point de référence absolue ?


Une histoire déprimante...

J'ai souvenance d'une conversation que j'ai eue avec mon père, c'était en avril 1968, alors qu'il m'accompagnait au lycée, dans sa voiture de fonction. Il était de cette sorte de dirigeants chrétiens démocrates, de tempérament généreux et de tradition gaulliste, qui ne pouvait imaginer qu'il soit bien de voter autrement qu'à droite.

Bizarrement, anticipant des débats qui devaient agiter la France peu de temps après, il avait abordé la conversation pour me dire combien "le profit" était indispensable à la vie économique. Il s'agissait donc de la circulation de l'argent.

je faisais alors des études de physique, en l'occurrence de thermodynamique, comme il en avait fait bien avant moi. J'ai alors osé la comparaison avec la circulation d'un fluide dans un système thermique :

"En fait," disais-je, "si le rendement d'une machine thermique ne dépend pour l'essentiel que de l'écart de température entre son admission et son échappement, n'en est-il pas de même avec n'importe quelle machine économique ?"

"les termes métaphoriques usuels de l'économie témoignent de la validité d'un tel modèle : liquidités, volatilité, bulle, surchauffe, pour n'en citer que quelques uns."

"Pour qu'un marché fonctionne, il est donc nécessaire, de façon semblable, qu'il y ait des riches et des pauvres, et plus l'écart de richesse est grand, plus l'est aussi le rendement de la machine économique".

"Sa seule limite n'est elle pas la nécessité, (hélas ?) de céder, en vertu du second principe de la thermodynamique, un peu de chaleur à la source froide ?"

Une autre constatation déprimante vient s'ajouter à celle de la nécessité des inégalités sociales :
pour le moteur économique la richesse est la source froide, en bas, alors que la pauvreté est la source chaude, en haut.
La richesse a besoin de la pauvreté pour se réchauffer, un peu... en récoltant sans travailler les dividendes de la valeur ajoutée du travail de la pauvreté.
Ainsi placée, il est impossible à la richesse de ruisseler naturellement vers la pauvreté comme le prétendent certains personnages politiques.

J'ai encore en tête son regard bleu lorsqu'il s'est tourné vers moi, et son émotion visible de n'avoir, contre ce raisonnement, aucun argument.

Nous étions arrivés, il m'a posé devant le lycée. Nous ne devions plus jamais aborder ce sujet sans espoir.

Lorsque je lis les nouvelles économiques, lorsque j'observe - avec la compassion qu'il sied - le comportement des agents économiques, je repense toujours à cette histoire, dont la pertinence s'avère tous les jours.

Hors intervention, laissée libre, l'économie de marché fonctionne en convection naturelle.
Comme les phénomènes météorologiques.

Des trésors d'intelligence sont dépensés pour les prévoir. Ils sont alternativement calmes ou violents, de façon cyclique, comme le sont les phénomènes économiques, en convection naturelle.
Les météorologues ont une qualité qui manque aux économistes, s'ils prétendent prévoir le temps, il ne prétendent pas le changer.
Je me souviens du propos d'autrefois d'un célèbre confiseur au sujet des comptables, qui à mon sens conviendrait aussi bien aux économistes :"Ne sont-ils pas comme les phares d'une voiture ?
Sous prétexte qu'ils sont devant, placés là de façon fort utile pour éclairer la route, il ne faudrait pas qu'ils s'imaginent être en mesure de conduire..."


Convection naturelle, convection forcée...

Autrefois, les anciens systèmes de chauffage central fonctionnaient aussi en convection naturelle, mais leur économie était canalisée, et un minimum de protections thermostatiques en régulaient les excès. À l'évidence ces systèmes marchaient plutôt mal : il y avait toujours des pièces bien chauffées et d'autres mal chauffées, et certaines étaient d'autant plus favorisées que les autres en pâtissaient.

Plus personne n'envisage de concevoir un système de la sorte, au fonctionnement médiocre, instable, avec des chocs thermiques récurrents dus à de trop grands écarts de température, mettant en danger l'intégrité des installations. Les règles de l'art prévoient désormais des pompes de circulation forcée et partout des régulations : sur les chaudières des régulations, sur chaque branche des circuits des régulations. Il n'est plus question de promouvoir le moindre "laisser faire" tant il conduit à de très mauvais équilibres.

Il faut dire que c'était tout un art que de disposer les choses : la chaudière au point le plus bas, des conduites de diamètre calibré, des radiateurs dimensionnés de façon précise... Et l'interdiction de régler le débit d'un radiateur. A défaut de ce type de mesure totalitaire, cela ne fonctionne jamais correctement. La monnaie des thermies circule mal.

Désormais, les règles de l'art sont autres : Tout circuit comporte une ou plusieurs pompes de circulation forcée, une boucle de régulation de production de chaleur, une boucle de régulation de température, et autant de boucles de régulations thermostatiques locales sur la majorité des radiateurs. Forcé, le débit de circulation impose de faibles écarts de température, ce qui limite les contraintes et la fatigue des équipements. Forcé, l'équilibre est obtenu par un emboîtement complexe de régulations, s'adaptant de façon souple aux nécessités du moment : économie sur les pièces inoccupées, confort des pièces à vivre...

Évidemment cela suppose un apport d'énergie supplémentaire.

Il est tel qu'en mi-saison, cet apport est à lui seul suffisant pour assurer une température agréable dans la maison. Économie, équilibre de la maison.

Les règles de l'art des chauffagistes sont semblables à ce qui régit les mammifères, dont la circulation du sang est forcée dans les artères, vers les poumons, vers le cerveau, vers les organes.

Pas de richesse cumulée, pas de pauvreté misérable dans l'économie du corps humain.

Le cerveau prélève quelque seize pour cent du débit, pour alimenter des assemblées de neurones dont aucun ne bénéficie du moindre privilège par rapport aux autres cellules.

Comme elles, ils ont leur rôle, ni plus ni moins bien payé. Pas plus que n'importe quelle cellule de la société civile des organes qui forment le corps humain, et en assurent l'économie.

Chaque cellule a ses propres consignes d'équilibre économique, maintenues par sa propre régulation assurée par la membrane qui la délimite. Ce ne sont point des frontières que ces membranes, qui ont rôle de pompes autant que de filtres.

Il n'est point de ces cellules qui soit au chômage sans que l'ensemble n'en souffre. Ceux dont le corps en a de quelque significatives proportions se voient catégorisés comme handicapés.

Et contre cela ils dépensent des trésors d'intelligence; pour cela ils tenteraient l'impossible, quoique cela coûte.

Dans l'économie du corps humains le sang et la lymphe tiennent le rôle de l'argent, à l'instar de la sève pour les espèces végétales. Et le sang assure y assure l'essentiel des transactions.

Les espèces animales ont en commun de forcer la circulation de l'argent dont leur économie dépend. Elles ont toutes pour cela un cœur qui est cette pompe complexe qui en force l'égalisation des transactions économiques.

Tout au long des réseaux de circulation de l'argent, les prélèvements sont effectués à la source, à la volée, avec des ajustements régulés dont la dynamique assure selon les circonstances l'équilibre économique du pays.

A y regarder de plus près dans cette économie la fiscalité n'est qu'indirecte. Il n'y existe aucun impôt sur le capital, ni sur le revenu. Si un organisme sain se reconnaît à ce qu'il ne comporte pas d'inégalités entre les organes, c'est que la fiscalité indirecte y suffit à éviter toute accumulation de richesses.

Bien des maladies résultent de son dysfonctionnement, issu le plus souvent des déséquilibres de politiques extérieures.

Le propre de la Nature du vivant est "d'essayer" tous les choix possibles, par des mutations au hasard ou par nécéssité également réparties, et de laisser s'éliminer d'elles-mêmes les solutions incapables de survivre.

Dans l'Univers entier, nous ne disposons pas de meilleur exemple d'équilibre et d'efficacité économique que celui de notre propre corps.

Cela mériterait une démarche sereine d'évaluation comparative, susceptible d'engendrer un grand nombre d'idées productives, fondées sur des millénaires d'expérience...

à suivre, "économies minérales et organiques"


Démocritique

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