Les écrits, réputés rester,
ne sont qu'une faible part des causes et conséquences qui font le monde.
Les dires qui s'envolent,
ont de plusieurs ordres de grandeur une plus large part.
Et celle incarnée des gestes, non dits et non écrits,
pour infiniment plus grande qu'elle soit,
reste infinitésimale en regard de celles des faits de la Nature.
Dans le grand "tissu" d'écrits que nos innombrables machines ont reliés entre elles,
chacun peut inscrire le sien, aux yeux de qui veut,
comme autant de bouteilles à la mer.
Ce n'est pas à une mer vide entourant une île déserte qu'il la confie, mais plutôt à un océan jonché, sinon pollué de millions de bouteilles flottant à sa surface.
Ainsi donc, aussi vain soit-il, cela nous semble opportun, Par vanité ? Ou par orgueil, pour pouvoir nous regarder en face.
Les civilisations humaines sont ainsi faites, comparables aux arborescences coralliennes.
Chacun des êtres microscopiques qui, se succédant de génération en génération, les concrétisent, contribue modestement à une oeuvre collective qui n'est faite que de cela.
Chacun a ses talents et chacun a ses carences.
La vie des civilisations bénéficie et pâtit à la fois de l'intrication de nos talents et de nos carences.
Les talents et les carences se répartissent hors de tout clivage que les humains ont pu établir entre eux pour hiérarchiser les pouvoirs qu'ils exercent les uns sur les autres.
En matière de philosophie, je ne suis adepte ni de Kant ni de Confucius,
en ceci que je sais nécessaire le procès de toutes les intentions de ceux qui sont capables de les réaliser.
Alors que la morale ordinaire réprouve ce procès, par une confusion fautive avec le verdict de son jugement, il revient à chacun de l'instruire pour sa propre survie.
Mais au verdict que chacun donne, il lui faut constamment faire appel.
Dans ce tribunal intérieur il ne se prononce d'autre sentence que celles de dire le talent et réprouver la carence.
Chacun peut le garder pour soi, et laisser les choses aller comme elle vont.
Chacun peut l'exprimer, d'une façon ou d'une autre, dans une tentative de changer le monde.
Que selon la place où il est cela résonne, ou non, que cela ait un grand effet apparent, ou aucun, ne change rien à l'affaire. Sans essayer, il n'est pas de succès possible.
Ainsi dans un océan de publications de toutes sortes, expressions de talents et de carences,
pour l'idée que je me fais de moi-même, j'en ajoute quelques unes que j'ai formées, lorsque que je les sais inédites.
Sans l'espérer, elles voudraient changer le monde. A défaut, elles m'ont déjà changé moi-même.
Il vous appartient, avant d'en prononcer le jugement, d'en instruire le procès.
Ainsi donc, sur le rivage de cet océan d'informations,
j'écris quelques unes de mes idées inédites.
Pour l'heure, je ne me soucie guère de les associer entre elles,
réservant à plus tard l'éventuel assemblage d'un ouvrage,
je me contente d'en remplir quelques bouteilles...
à suivre, "Fois".
Démocritique