==================================================
Avril 2020 ConfinementLe "Confinement" était un des maîtres mots de l'ingénierie nucléaire. Quoique il était plutôt abstrait vu d'un bureau d'études, il était son souci premier. L'"enceinte de Confinement" désignait le bâtiment cylindrique où était installé le réacteur nucléaire. Toutes les procédures qui étaient conçues n'avaient guère d'autre objet que de maintenir les "Confinement" et restreindre les risques de "contamination". ![]() Anticiper ses propres défaillancesPour s'assurer que tout cela fonctionnerait bien, l'ingénierie nucléaire fait appel à des études probabilistes de sûreté, dont un principe est de croiser deux "arbres" : l'arbre d'enchaînement logique des événements accidentels possibles d'une part, et d'autre part l'arbre des dépendances technologiques liées à l'intrication des systèmes en place.
Pallier l'imprévisible extérieurContre ces risques, les centrales françaises actuelles sont bien moins contraintes que les centrales belges que par le passé j'ai contribué à concevoir.
AutomatiqueLes réactions de fission nucléaires, ordinairement régulées pouvant en cas d'accident croître d'une façon géométrique dépassant les capacités de réaction humaine, les systèmes de sauvegarde sont toujours automatiques. Les automates comportent une temporisation de dix minutes pour inhiber toute intervention de "l'exécutif" en salle de commande, susceptible d'empêcher le bon fonctionnement des mesures de sauvegarde. Force a été de constater qu'à Three Miles Island, cela n'a pas suffi, et que le personnel en salle de commande a été incapable de faire face à la situation. Aux études techniques de ces systèmes sont associées des études ergonomiques, psychologiques, physiologiques sur la capacité des personnels de conduite à réagir efficacement en situation accidentelle. Cela fait l'objet d'entraînement régulier sur des simulateurs, où dans des salles de commande fictives, des opérateurs sont confrontés à toutes sortes de catastrophes. Pour faire face à une crise, tout est procédural, décentralisé. Toute nécessité d'arbitrage est fautive. Elle est le signe d'un défaut de préparation à des situations où la saturation cognitive, l'hésitation viennent amplifier les risques, pouvant transformer un incident grave en catastrophe globale. Sociologie des risques et de leur préventionCependant, à l'expérience évoquer les systèmes de sauvegarde rassure bizarrement moins les populations qu'elles n'engendrent toutes sortes de craintes. Plus ils sont développés plus ils angoissent !
![]() Les économies de conception de ces systèmes insuffisants firent de trop nombreuses victimes, dus au déconfinement des matières radioactives qui se répandirent et contaminèrent la nature à l'entour... En conséquence de ces événements, en occident cette industrie est moribonde, faute de crédibilité et de renouvellement de ses compétences. Elle cherche encore vainement à se réhabiliter, en s'appuyant sur l'argument pourtant réel de sa quasi absence de nuisance pour le climat. En France elle a épargné quelque 130 milliards de tonnes de CO2 à l'atmosphère... ![]() ![]() Les dégradations de l'environnement et la morbidité de toute industrie, issues de l'incurie de quelques humains en mal d'économie est toujours insupportable, même si le nombre de victimes de l'énergie nucléaire s'est avéré de plusieurs ordre de grandeur inférieur à ce que l'humanité vit actuellement, faute d'avoir voulu, puis su, puis pu confiner à temps le contenu viral d'une outre de Pandore biologique. À ce que j'ai observé ces derniers jours les risques nucléaires restent encore plus craints que les dangers biologiques, alors que ceux-ci imposent aujourd'hui le Confinement à la moitié des habitants sur terre faute d'avoir confiné à temps les sources de l'épidémie. ![]() ![]() Le parallèle est d'autant plus pertinent que les tenues des personnels devant intervenir en espace contaminé nucléaire et biologique sont semblables. Il faut espérer à ce sujet que les exploitants nucléaires ont partagé leurs stocks de tenues avec les organismes de santé publique. En matière de risque biologique, les systèmes de sauvegarde portent le nom de "système de santé", ensemble d'hôpitaux, de cliniques, de sécurité sociale, de médecins, d'infirmier-e-s et d'aides soignants et toutes ces sortes de choses coûteuses, qui ne rapportent pas grand chose, sauf pour soi lorsque sa santé est elle-même atteinte. Les ordres de grandeur des phénomènes de santé en jeu sont sans commune mesure. Les économies sur les systèmes de sauvegarde ne sont elles pas toujours criminelles ? Les mesures indispensables contre les accidents nucléaires et contre les épidémies ont en commun de ne fonctionner que de façon préventive :
Cela suppose de lourds investissements continus de préparation à "l'inconnu aux conséquences connues".
En économie libérale de telles mesures ne peuvent être considérées que comme des externalités négatives, que les pouvoirs financiers ne peuvent qu'inciter à réduire, pour la compétitivité du pays et de ses entreprises sur les marchés internationaux. En France ceci fût fait, progressivement, jusqu'à provoquer tout au long de l'année 2019 un grand mouvement de révolte des personnels des hôpitaux. Le pays se trouva fort dépourvu,
On pourra dire, comme deux humoristes : "il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes..." à suivre, "Réhabilitation du parc nucléaire".
|